Emblème de toute une région, le Cognac est riche d’une histoire séculaire. Quelques pas dans les rues de la ville de Cognac suffiront à vous en convaincre. Hôtels particuliers et chais se succèdent. Ne vous y trompez pas, aux abords paisibles, délicieusement alanguie sur les bords de Charente, la cité n’en n’est pas moins en pleine effervescence.

Le transport maritime international a remplacé les gabarres et, chaque jour, ce sont des millions de bouteilles produites et expédiées à travers le monde. Le Cognac, et avec lui un art de vivre à la française, rayonnent sur tous les continents.

Richesse de saveurs d’un nectar aux couleurs chaudes, et richesses économiques. C’est tout un territoire qui vit de son commerce : viticulteurs, négociants, embouteilleurs, liégeurs pour ne citer que les principaux acteurs d’une chaîne de production qui génère des milliers d’emploi dans tous les secteurs d’activité.

Alors bien sûr, qui dit production de grande envergure,

dit déchets de production.

Respecter la nature qui nous est si prodigue est une évidence. C’est aussi une nécessité absolue à l’heure du dérèglement climatique et face à l’épuisement des ressources. Aujourd’hui il n’est pas un acteur de la filière Cognac qui ne se mobilise et cherche à réduire son empreinte environnementale.

Parmi eux la Maison Rémy Martin qui, en 2021, se saisit du sujet des freintes de bouchons. 

Les freintes de bouchons ? Ce sont les rebuts de bouchons issus de la production ou des retours marché. Aucune filière de recyclage n’existe à date et ces rebuts sont détruits. Un détail direz-vous ? Il n’y a pas de détails quand il s’agit d’épargner l’environnement.

Fondatrice en 2012 d’une filière de valorisation des bouchons en liège en Charente-Maritime, l’association Écho-Mer est contactée par Rémy-Martin afin d’investiguer sur le recyclage de ses bouchons de bouteilles de Cognac. Un exercice difficile puisque les dits-bouchons comportent une tête en plastique ou en métal qu’il s’agit de démonter.

Un travail conjoint entre l’association et l’entreprise permet de poser les bases d’une filière de valorisation des freintes de bouchons de Cognac.

Une fois mises de côté sur site de production, les freintes sont acheminées dans un ESAT, l’Arche à Cognac, pour être démantelées. Une fois scindés, le corps en liège et les têtes sont recyclés. Le liège dans la filière de valorisation existante en Charente-Maritime. Les têtes dans les filières de recyclage du plastique et des métaux déjà en place, à l’exception de certains plastiques qui ne disposent pas de filière. Aux freintes s’ajoutent les bondes en liège usagées des barriques de vieillissement, elles aussi revalorisées.

Cette expérience réussie conduit l’association Echo-Mer à se rapprocher de la société cognaçaise Eco-in-Pack afin de construire une filière locale de valorisation des freintes de bouchons de Cognac, et plus largement de spiritueux. Une évidence là encore lorsque l’on sait que la société Eco-in-Pack se spécialise dans le lavage des bouteilles pour leur réemploi. Et si nous collections les bouteilles en même temps que les bouchons ? Construire une filière nécessite de voir loin et d’ouvrir le champ des possibles.

Convaincue de la pertinence du projet la Région Nouvelle-Aquitaine dégage un financement pour qu’Eco-in-Pack poursuive l’expérimentation et l’ouvre à l’ensemble des Maisons de Cognac sous la coordination de l’association Écho-Mer.

L’objectif ? Rallier l’ensemble de la profession, transformer les freintes de bouchons de Cognac en ressource, et construire une filière locale, économiquement viable, qui s’appuie sur l’emploi de personnes fragilisées.

Un an et demi après son lancement, le projet fédère Maisons de Cognac, viticulteurs, instances professionnelles, embouteilleurs, liégeurs, gazéificateurs. En une année, 12 tonnes de freintes de bouchons de Cognac sont détournées de la destruction.

Un début encourageant qui ne demande qu’à être confirmé par le ralliement d’autres professionnels, des particuliers et des collectivités pour qu’un territoire entier fasse du bouchon de Cognac l’emblème de son engagement environnemental.

 

  On en parle dans la Charente Libre.